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Des arbres en Air-Pot pour planter toute l’année

Pour retrouver des marges, les pépinières Drappier, dans le Nord, parient sur la conversion à ce système de production, dont le retour sur investissement est rapide.

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«La concentration des entreprises du paysage ces dernières années fait pression sur les prix. Pour les pépinières moyennes comme­ la nôtre, il devient très difficile de travailler avec elles », explique Michel Le Borgne, propriétaire des pépi­nières Drappier, à Lecelles (59). Outre les pro­blèmes des prix cassés, le temps long de la culture en pleine terre est compliqué à gérer (problèmes de ravageurs ou maladies, mode qui passe, etc.).

L’idée pour en sortir est venue de Benjamin Neveux, proche collaborateur de Michel Le Borgne. Il avait repéré il y a quelques années la production hors sol pratiquée par la société anglaise Majestic Trees : l’Air-Pot. Ce conteneur au design particulier per­met de réaliser des cultures plus courtes­ et d’augmenter la qualité de la production.

Les avantages du hors-sol

La production en hors-sol a de multiples avantages, tels que la production d’un chevelu racinaire dense quels que soient les arbres, la maîtrise de l’eau et du désherbage, l’absence de contenants sur le chantier (les plantes sont livrées en motte grillagée), la plantation sans pertes toute l’année (quand le chantier est « prêt »), etc. Le hors-sol donne aussi accès à certains marchés, habituellement inenvisagés dans une production en pleine terre, comme la plantation de terrasses, dalles ou balcons. Les plantes produites, qui n’ont pas subi le stress de l’arrachage, ont également un meilleur aspect visuel.

Autre avantage, comme la production est plus rapide, celui qui conçoit la palette végétale de la pépinière de production a plus de visibilité. Le risque de se tromper est beaucoup plus faible et la capacité à s’adapter aux évolutions climatiques largement supérieure. Et le « risque maladie » devient marginal.

Changer la clientèle

Lors de la journée portes ouvertes vendredi 20 septembre, l’entreprise a présenté son début de conversion à l’Air-Pot (lire l’encadré) et rassuré les visiteurs présents : « On ne change pas de taille de plantes, ce sont toujours des grands ligneux », a insisté Michel Le Borgne.

En parallèle, la pépinière cherche à rééquilibrer la clientèle. Jusqu’à présent, les ventes se faisaient pour 50 % auprès des entreprises du paysage, 30 % directement avec les collectivités, 15 % à l’exportation et 5 % aux particuliers. L’objectif est de passer, à terme­, à 50 % pour les particuliers (en direct ou via les entreprises qui gèrent leurs jardins­) et 50 % vers des marchés de niche.

Dans ce but, les pépinières­ Drappier se lancent dans la création d’une gamme 14-16. Proposant des sujets un peu moins volumineux, l’entreprise espère ainsi toucher une clientèle privée.

Pour se faire connaître des jardiniers amateurs et les inciter à se déplacer, l’entreprise­ mise sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook où sont publiés conseils, photos et vidéos. Autre idée : organiser une fête des plantes dans ses locaux, afin que le grand public découvre ce qui se fait sur place.

Répondre à une demande qui évolue vite

Le nouveau système de production procure également de nombreux arguments pour les clients­ professionnels. En tout premier lieu le raccourcissement des cycles­ de production. Signer des contrats de culture de six à dix-huit mois pour de grands sujets devient possible et attractif.

Cette réduction du temps de culture permettra à la pépinière d’innover et de faire­ évoluer la gamme. Un assemblage de la palette végétale­ sur mesure sera plus facile à proposer, par exemple aux entreprises­ du paysage. Les contrats­ de culture pourront se développer. Le dernier en date : Biotope, futur siège de la métropole européenne­ de Lille, pour lequel Drappier fournit tous les arbres.

Pour l’instant, l’Air-Pot ne concerne qu’une toute petite part de la production totale : 80 ares sur les 74 hectares. L’idée est de réduire­ la partie pleine terre et d’aug­menter tous les ans la production en Air-Pot de un hectare.

Parmi les chantiers encore en cours chez Drappier, la création d’un grand carrousel de présentation de plantes, la mise en place d’un plateau de chargement technique et d’un espace de multiplication (boutures et semis).

« On veut faire appel, de manière très limitée, au semis pour avoir plus de diversité génétique et de solidité des collets chez certains taxons et pouvoir obtenir des lots de plantes plus capables de s’adapter aux changements à venir », ex­plique Michel Le Borgne.

Léna Hespel

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